Autant en emporte le vent

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J'ai beau vouloir me concentrer sur les critiques de films venant juste de sortir en salle, il m'est difficile de resister à l'envie de vous faire partager mes impressions sur Autant en emporte le vent, l'un des films les plus célèbres de l'histoire du cinéma. Et comme tout film culte, Autant en emporte le vent divise. Ils y a ceux qui adulent le film et l'ont vu des dizaines de fois, et il y a ceux à qui l'évocation du nom de Scarlett donne des boutons. Quoi qu'il en soit on ne peut nier l'apport au 7ème art que fut Autant en emporte le vent.

On aimerait croire que Autant en emporte le vent n'a pas pris une ride, mais malgré son increuvable popularité, le film de Fleming a vielli. Certaines séquences sont en effet digne d'un téléfilm de l'après midi sur M6 et les détracteurs du film n'hésitent pas à les signaler à chaque fois qu'on en parle. Pourtant si certaines séquences manquent de moyen et ont perdu en crédibilité, on ne peut passer à côté de l'ambition et de la beauté de certaines scènes où des décors magnifiques sont traversés par des centaines de figurants. Autant le film a vieilli, autant il conserve son charme issue des décors tantôt gothiques, tantôt idyllique que Fleming met en scène. Ainsi c'est une Géorgie rêvée qu'on découvre tout au long des 4 heures du film mais c'est là un rêve tellement emplie de poésie qu'on s'y laisse facilement entrainer. Enfin la musique n'est pas en reste, si certaines pistes sont grandiloquentes, d'autres en revanche possèdent également se brin de magie qui fait que malgré les années le film reste un incontournable.

Si techniquement le film n'est plus tout jeune, l'histoire a elle conservée sa fraicheur. Autant en emporte le vent est une histoire d'amour bien plus moderne et originale que la plupart des histoires d'amours des films d'aujourd'hui. Scarlett est un personnage compliqué et différent de toutes les autres héroïnes. Belle mais vaniteuse, débrouillarde mais cruelle, il est difficile de ne pas être séduit par un personnage aussi intéressant. Je ne suis pas un fan de Vivian Leigh mais elle m'a ici particulièrement convaincu. Son côté tragique qui m'agace d'habitude colle parfaitement au film et sublime le personnage, quant a Clark Gable si il campe un personnage plus classique il le fait avec une telle classe qu'on ne peut pas lui reprocher grand chose. Au final le couple formé par ses deux acteurs est tellement étonnant, ambigu et énergique qu'on ne peut que s'y attacher.

Autant en emporte le vent est aussi plus qu'une histoire d'amour. C'est aussi le récit d'une décente aux enfers. Scarlett est un personnage qui va sans cesse être confrontée à des tragédies qu'elle va devoir apprendre à surmonter, s'endurcissant ainsi autant qu'elle s'assombrie au fil de l'histoire. Il y a une tristesse quasiment dénuée de pudeur qui habite le film. Scarlett est pathétique quelquepart, entre sa vanité, son entêtement et sa malchance il est dure d'y voir quelqu'un de charmant et pourtant on s'attache à elle, pas vraiment par pitié mais plutôt par respect pour sa douleur. A l'image de l'héroïne le film est donc sombre, mais cette noirceur à quelque chose de foncièrement beau en elle et c'est ça qui rend le film attirant.

Autant en emporte le vent a beau avoir pris des rides, il conserve malgré tout la classe et le charme de ses jeunes années. L'histoire de Scarlett est mythique et n'a aucune raison de ne pas passionner le spectateur d'aujourd'hui comme elle a passionnée le spectateur d'hier. Certes le film est plein de longueur qui viennent cassés le rythme, mais la richesse du film fait qu'on a envi d'aller jusqu'au bout. L'univers fantasmé de Fleming nous fait découvrir une Géorgie tantôt idyllique, tantôt cauchemardesque mais toujours pleine de poésie. Et même si le film, dans la plus pure tradition hollywoodienne (qu'il a participé a forger) se veut plus imaginaire que réaliste, il traite d'un sujet non seulement vrai mais surtout essentiel pour comprendre l'histoire des États-unis. L'impact de la guerre civile et la vision qu'en ont gardés les vaincus: le camp du Sud.

Ainsi grâce à ses différents niveaux de lecture, grâce à la passion communicative de la légendaire Scarlett et grâce à la réalisation très esthétique de Fleming, Autant en emporte le vent est devenu une oeuvre riche et culte qui en dépit de sa longueur devrait continuer à charmer des générations de spectateur. Un film loin d'être parfait, certes, mais tout de même indémodable!

Autant en emporte le vent  Clark Gable, Vivien Leigh, Victor Fleming dans Autant en emporte le vent (Photo)
 Clark Gable, Vivien Leigh, Victor Fleming dans Autant en emporte le vent (Photo Christophe L)



Publié dans Drames américains

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Q
J'adhère complètement à Scarlett. Ce personnage à mille facettes et sans jeu de mot, il n'est pas tout noir ou tout blanc. <br /> Je l'ai vu plusieurs fois et jamais je ne m'en lasse.
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