Black Swan
Aronofsky est devenu un cinéaste incontournable pour les jeunes. Qui n'a pas été marqué par Requiem for a dream et son thème musical très sombre durant son adolescence? Le film fait parti de ces uvres qui marquent au même titre qu'un American History X ou qu'un Fight Club par exemple. Des films visuellement marquant, pessimistes voir même parfois nihilistes mais qui avec le recul m'apparaissent un peu immature. Black Swan m'a fait le même effet.
Il faut dire que la comparaison entre Requiem for a dream et Black Swan est tout sauf gratuite. Aronofsky délaisse la mise en scène plutôt sobre de son Wrestler et revient à quelque chose de plus symbolique. On l'a souvent accusé de ne pas faire dans la subtilité et cette fois si Aronofsky embrasse cette critique et signe un film dans lequel chaque plan, chaque image et chaque décors transpire des émotions véhiculées par l'histoire. Black Swan flirte d'ailleurs très souvent avec le surnaturel et mise là encore sur les métaphores tout en plaquant parfois sa mise en scène sur celle de Satoshi Kon (réalisateur de Perfect Blue et Paprika) qui l'a toujours inspiré. Sa fonctionne toujours très bien et ceux qui aiment décortiquer les films vont se faire plaisir mais je trouve que Aronofsky en fait justement trop. Black Swan m'a beaucoup fait pensé au cinéma de David Lynch avec qui il partage une même noirceur et une même approche érotique violente mais Aronofsky ne fait finalement que du sous-lynch ne parvenant jamais a rivalisé avec ce sentiment de malaise presque gracieux qui émane d'oeuvre tel que Blue Velvet ou Mullholand Drive.
Filiation qui passe aussi par le choix
de l'héroïne. Nina est d'une innocence, d'une fragilité et d'une
pureté qui rappelle le personnage de Naomie Watts. D'autant plus
qu'elle évolue dans un univers bizarre et sombre assez similaire.
C'est un personnage très intéressant et Aronofsky a vraiment mit en
avant la relation étrange qu'elle entretien avec sa mère. C'est
malheureusement l'un des thèmes du film qui n'a que rarement été
abordé alors qu'il y a dans cette manière de jouer avec le
dédoublement de Anna quelque chose qui renvoi tout naturellement à
se rapport mère/fille.
Un dédoublement qui l'a encore rappelle
Lynch mais dont le traitement est là encore assez sommaire. Natalie
Portman incarne la douceur la pureté, le signe blanc, Mila Kunis la
malice du signe noir et ce qu'il y a entre les deux c'est cette
énergie sexuelle que l'une contient et que l'autre exprime. Voilà
qui est encore une fois visuellement fort à l'écran mais qui manque
tout de même un peu de profondeur.
Mais ne me faites pas dire ce que je
n'ai pas dis! Black Swan reste un bon film et l'histoire est suffisamment intrigante pour happer le spectateur du début à la
fin. Natalie Portman est tout simplement bluffante mais on a
malheureusement passé un peu trop sous silence les performances des
autres acteurs comme Vincent Cassel et Mila Kunis qui sont pourtant
tous les deux très bon dans le film. Black Swan n'a juste ni la
profondeur ni la maturité de The Wrestler, précédent film
d'Aronofsky qui exploré finalement un thème assez semblable (le
rapport à la scène, au succès et à l'image) et se clôturait d'une
façon étrangement similaire.