Blue Velvet

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On poursuit notre rétrospective consacrée à David Lynch avec Blue Velvet, l'un des films les plus représentatifs de son cinéma tant au niveau de la forme que au niveau du contenu.

Blue Velvet s'ouvre par la présentation d'un petit coin de banlieue tranquille dans les années 50. Plus cliché, on ne fait pas. Puis peu à peu la caméra zoom et un homme saisit par une crise cardiaque s'évanouit. La caméra zoom encore sur le jardin de cet homme et sous l'herbe verte on aperçoit dans un dernier plan des insectes visqueux et malfaisants.

Cette première scène est extrêmement importante car elle résume à elle seule le propos de Blue Velvet et, dans une certaine mesure, la vision Lynchéene du monde et qu'on pourrait résumer ainsi: Derrière les apparences se cache souvent des vérités sordides.
Blue Velvet surprend le spectateur par ce contraste drastique entre les deux mondes qu'il expose. La petite banlieue typique, jolie et bien sous tout rapport qu'on explore le jour, et le monde sombre et désespéré dans lequel on plonge la nuit. Quand je dis que le contraste est drastique, je n'exagère rien; les scènes de nuits sont tintés de violence, qu'il s'agisse de violence physique, de violence verbale ou même de violence sexuelle. Il y a quelque chose de malsain dans l'univers de Blue Velvet tout comme dans l'univers des autres films de Lynch en général et les âmes sensibles peuvent s'abstenir.

La force de Blue Velvet c'est de paraître parfaitement cohérent et incohérent à la fois. On peut très bien regarder le film sans se poser de question, accepter l'univers un peu étrange tel qu'il est, se plonger dans l'histoire et s'en satisfaire. Mais on peut aussi prendre de la distance et comprendre qu'il y a un véritable décalage entre ce qu'on perçoit à l'écran et la réalité des faits. On retrouve ainsi certains phénomènes inexplicables dans Blue Velvet tout comme dans quasiment tous les films de l'auteur et on se doute qu'il faut prendre en compte le fait que l'histoire est vu à travers les yeux de son héros et que les choses ne sont pas telles qu'elles sont. L'exemple le plus frappant est sans aucun doute ce happy-end extrêmement exagéré et qui jure avec le pessimisme habituel de Lynch. Cette fin est brillante, justement parce qu'elle peut être interprétée de bien des façons.

Blue Velvet c'est aussi un film sur le passage à l'âge adulte. Tout est affaire de symbole dans ce long-métrage et finalement la nuit sombre et sordide qui succède à l'innocence du jour fait bel et bien penser à un enfant qui devient adulte et découvre le monde tel qu'il est réellement. Les allers et retours entre ces deux univers, c'est un peu l'état d'adolescence qui est retranscrite à l'écran. Là encore l'exemple flagrant concerne les relations amoureuses du héros: celle romantique et naïve avec son amie Julie et l'autre plus violente, sombre et surtout érotique avec l'étrange Dorothy.

Blue Velvet est à la fois l'un des films de David Lynch les plus ambitieux et les plus accessibles. En cela on serait tenter de dire que c'est son meilleur mais il n'est pourtant pas dénué de défaut. Comme beaucoup de ses films, il est très lent et par conséquent trop long. De plus Lynch est peut être bon metteur en scène et bon scénariste, j'ai toujours trouvé que ses dialogues étaient un peu faibles et c'est particulièrement visible dans Blue Velvet malgré le jeu des acteurs plutôt convaincant (On retiendra surtout le déjanté Dennis Hopper et la belle Laura Dern, avec qui Lynch collabora plusieurs fois). Ceci dit Blue Velvet reste un incontournable pour qui voudrait découvrir l'univers de ce cinéaste.

Kyle MacLachlan.



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