All the boys love Mandy Lane
Mais pourquoi les rares films d'horreurs originaux sont-ils boudés par les distributeurs français? C'est la question qu'on se pose en regardant All the boys Mandy Lane, film en compétition à Deauville mais qui reste depuis toujours inédit en salle et c'est bien dommage car en dépits des apparences, Mandy Lane est un slasher original et prenant. (Mise à jour: Mandy Lane a enfin était édité par Wild Side Studio)
Imaginer un mixe entre la série The O.C et des slashers comme Scream, Halloween, Vendredi 13 et consors et vous avez une petite idée de ce qu'est «Mandy Lane ». Ce Slasher plus ambitieux tant artistiquement (on y reviendra) que dans son scénario brasse large, commençant par un portait peu réjouissant d'une jeunesse riche mais pommée et livrée à tous les excès. On reconnaît tout de suite le ton cru et direct de la série de Josh Schwartz qui présentait elle aussi ses personnages sous un jour peu reluisant tout en les faisant paraître humain et c'est l'une des forces de Mandy Lane: les personnages sont des adolescents tellement perdu qu'on les prend en pitié alors qu'on attend habituellement le massacre des personnages stéréotypés avec impatience.
Bon d'accord on n'évite pas non plus les stéréotypes, loin de là même car dans sa seconde moitié Mandy Lane reprend le principe habituel du tueur psychopathe qui va durant la nuit tuer les protagonistes un à un. Sauf que là encore le film ruse un peu et continue de mélanger moment de tensions pures et scènes dramatiques durant lesquels on continue de développer les personnages.
Qu'on ne si trompe pas Mandy Lane est un pur film d'horreur, avec des scènes vraiment gores et sordides (qui ne font pas vraiment rire d'ailleurs, c'est dire si le film est violent) mais il est juste un peu plus que ça...
Et ce petit plus le film le doit à sa réalisation très inspiré. Jonathan Levine (réalisateur du récent Wackness) a sublimé les décors et stylisé les scènes, saturant les couleurs, jouant avec le montage pour créer des meurtres à l'esthétique tantôt sauvage et brutale, tantôt, et c'est là que ça devient étonnant, poétique et romantique. On retiendra la scène où un homme se fait éventrer en embrassant sa copine (dit comme ça on ne dirait pas mais la scène est triste et assez poétique) et toute la séquence finale à la fois sordide, dérangeante et touchante. N'allez pas croire que ce sens de l'esthétique sublime la violence du film bien au contraire, mais elle lui donne un sens dramatique ou triste qui manque aux films d'horreurs jouant la carte du sensationnel.
Enfin, et le film vaux d'être vu ne serait-ce que pour ça, Mandy Lane se termine avec un twist génial et qu'on ne voit absolument pas venir. Amber Heard, qui incarne la fameuse Mandy la joue d'une manière introvertie qui la rend mystérieuse et effacé, ce qui donnera donc encore plus de force aux dix dernières minutes du film. Ne serait-ce que pour cette conclusion audacieuse le film en vaux vraiment la peine.
Sans révolutionner le genre All the boys love Mandy Lane, s'impose comme un slasher vraiment réussi. Le réalisateur s'est fait plaisir, montrant un style visuel assez décalé pour ce genre de film mais qui enfin de compte lui donne du caractère. Le mélange entre satire sur la jeunesse dorée américaine et slasher pur et dure fonctionne bien et donne de la dimension au personnage et enfin le twist final est un des meilleurs qui m'ait été donné de voir. Voilà quelques bonnes raisons de découvrir un film malheureusement toujours inédit en France.