Looking for Eric

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Ce qui me connaissent savent combien le cinéma sociale à l'anglaise de Ken Loach me donne froid dans le dos. Une simple allusion faite à sa palme d'or "Le vent se lève" réveille en moi d'affreux souvenirs qui me tourmentent encore la nuit...Bon d'accord j'exagère, mais le cinéma de Ken Loach et moi ça fait deux. Trop humaniste, trop critique, trop caricatural le cinéma sociale européen manque autant de subtilité que d'idée et pourtant la curiosité m'a poussé à voir Looking for Eric. J'ai eu comme un bon présentiment concernant son dernier film et c'est avec joie que j'annonce que je ne me suis pas trompé.

Peu de film peuvent se targuer de vraiment être capable d'allier le rire au larme, mais Looking for Eric fait parti de ses rares oeuvres qui enchainent scènes drôle et scènes dramatiques avec une facilité déconcertante. Ken Loach ne s'enferme pas dans un registre précis, ce qui lui permet de regarder son personnage sous différent angle, ajoutant un peu de légérté par si, un peu d'émotion par là, on en arrive à un porté non seulement équilibré mais aussi très réaliste. Le cinéma sociale est souvent caricatural mais là on a pas cette impression. Malgré la dureté de la vie d'un petit prolétaire de Manchester on ne ressent pas cette fatalité que les réalisateurs européens nous impose parfois à grand coup de tire-larme.

Ken Loach est cette fois-ci tellement subtile qu'il est capable d'analyser les deux facettes du football. Son côté pervers, parce qu'il semble être une drogue capable de faire oublier aux gens leurs malheurs et son côté magique, parce que se réunir dans un stade et assister à un but de Cantona reste pour ces gens quelque chose d'exceptionnel. On est touché par les deux facettes de ce sport, et qu'on l'aime ou pas on y trouve autre chose qu'une image beauf.

Enfin ce nouveau Ken Loach marque par son originalité bien sûre. Un film où un dépressif hallucine après avoir fumer de l'herbe et s'imagine que Cantona lui vient en aide on ne voit pas ça tout les jours. Le réalisateur ne joue pas vraiment sur la fibre fantastique en se demandant si oui ou non tout cela est réel, mais il donne tellement d'épaisseur au personnage de Cantona qu'on finit tôt ou tard par y voir plus un fantôme (enfin une projection plutôt, le monsieur étant bien en vie) qu'une hallucination. Et puis Ken Loach a réaliser un véritable feel-good movie, plein de pêche, de philosophie simple et de bonne humeur. La critique sociale est là elle aussi, mais elle est plus subtile, plus simple et par sa capacité à s'intégrer dans l'histoire elle marquera d'avantage que dans un film qui tenterait d'en faire l'élément moteur.

On se doit de saluer la performance de Steve Evets. L'homme, très simple, avec sa voix brisé et son regard fatigué nous fait partager ses émotions tout au long du film avec une grande crédibilité, on sent la passion quand il évoque sa femme ou le football, bref on y croit. Cantona joue son propre rôle, donc on pourrait difficilement le taxer de ne pas être crédible, on découvre se pendant l'homme derrière le footballeur à travers quelque scène digne d'un interview verité plutôt touchant. Il y a une humilité innatendu chez Cantona qui fait plaisir à voir.

Looking for Eric m'a réconcilier avec le cinéma de Ken Loach. Peut être n'est-ce qu'une exception mais ce film à une fraicheur et une originalité que je déséspérais de voir dans le registre du cinéma social. Rare sont les films qui mélange aussi habilement rire et émotion, mais Ken Loach avec son sujet original et sa passion du football a réussi un bon film, certes un peu facile et pauvre au niveau de la mise en scène (à l'exception de la musique) mais réussi dans tout les autres domaines. Un dernier argument pour la route? La séquence de fin qui risque bien de devenir culte.
 
Looking for Eric  Steve Evets, Ken Loach dans Looking for Eric (Photo)
 Eric Cantona, Steve Evets, Ken Loach dans Looking for Eric (Photo)


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