Morse
Puisque les réalisateurs de remakes aiment à nous dire qu'ils font ces films pour faire découvrir ces histoires au monde entier j'ai décidé de prendre Matt Reeves (que j'adorais jusqu'à là pour son Cloverfield original et bien sûre pour la série Felicity) au mot et de zapper son film pour aller directement m'intéresser au film original: Morse tiré du roman Let the right one in par le réalisateur suèdois Thomas Alfredson qui a vraiment fait du bon boulot.
Morse est l'un des films de vampire les plus originaux que vous aurez l'occasion de voir. Sans faire d'entrave au mythe, le film propose une approche originale à mi-chemin entre la romance et les récits sur l'enfance et c'est donc l'histoire de Oskar jeune garçon fragile qui se lie à Eli, un vampire. Cette histoire d'amour et d'amitié volontairement ambigue tire toute sa beauté de sa naïveté et de la pureté des sentiments de ces protagonistes baignant dans une innocence qui ne dure jamais car Eli est bien sûre toujours rattrapé par sa nature sanguinaire et Oskar par son quotidien fait de douleur et de peur. La relation entre Eli et Oskar est vraiment ce que le film a de mieux a offrir et c'est un peu dommage de ne pas avoir resserer l'intrigue sur celle-ci. Thomas Alfredson filme en effet en parrallèle l'enquête d'un personnage secondaire et cette enquête des plus classiques prend souvent trop de place et casse le rythme du film.
Difficile en revanche de repprocher quoi que ce soit aux choix de mise en scènes de Alfredson. Morse est travaillé dans tous les plans, la photographie est somptueuse et le calme inspiré par ces décors froids et bien souvent nocturne ne font que renforcer l'atmosphère mi-poétique mi-terrifiante du film. D'ailleurs Morse reste un film d'horreur avec ces moments oppressants et sa violence symbolique comme physique mais Alfredson fait le choix de ne pas tout montrer, de prendre ses distances vis à vis des meurtres d'Eli et il choisit toujours une perspective nouvelle et originale mettant d'avantage en avant les témoins ou les acteurs des meurtres plutôt que les victimes en elle même, comme si il cherchait surtout à se focaliser sur l'effet de cette violence sur les personnages qui y survivent. On a donc droit à se titre à une sublime scène aquatique dont je ne dirais pas grand chose afin de ne pas gacher la surprise. Quoiqu'il en soit si le film n'est pas avare en hémoglobine Alfredson a choisi de miser sur la tristesse et l'amour pour donner du cachet à son film et non sur la peur ou la terreur. Morse n'en devient alors qu'un peu plus unique.
Intimiste, subliment réalisé et différent, voilà ce que je retiendrais personnellement de Morse, un film de vampire pas comme les autres qui livre de très bons moments grâce aux scènes entre Oskar et Eli, deux personnages prochent et qui se comprennent si bien qu'ils se passent bien souvent de mots. Morse est touchant mais Morse n'est pas non plus parfait et l'enquête policière en parrallèle de l'histoire entre Eli et Oskar a tendance a parasiter le film, cassant un peu le rythme. C'est là le seul point vraiment perfectible d'un film qui mérite en tout cas le coup d'oeil!
