Platoon
Date de sortie: 25 Mars 1987
Genre: Guerre / Drame
Pays d'origine: USA
Synopsis:
En 1979, Francis Ford Coppola met en scène "apocalypse now" une vision particulièrement personnelle, artistique et psycedélique du vietnam dans laquelle l'histoire laisse rapidement place à l'ambiance et à la communion avec le spectateur tel qu'on le voit rarement au cinéma. Huits ans plus tard, c'est au tour de Oliver Stone de s'attaquer au Viêt-nam mettant à profit son expérience personnelle dans un film très différent de son precurseur mais qui donne un peu plus de precision sur ce que fut cette guerre.
Quand on pense à World Trade Center, on se demande si on a affaire au même réalisateur. Dans Platoon, Stone agite et cogite sur un vrai désastre militaire critiquant avec virulence, image chocs au point et amertume plein la gorge. Si Apocalypse now est surréaliste, Platoon est ultra-réaliste puisque le réalisateur ne s'epargne rien filmant des massacres de civils, des scènes de folies pure et ce qu'on pourrait qualifier de "salopard héroique" puisque chacun se trouve confronté à un carrefour entre ces idéaux et la réalité. La victime est belle et bien l'innocence et le choix du héros classique, naïf et noble qui plonge peu à peu est on ne peut plus judicieux puisqu'il incarne à lui tout seul ces deux facettes: la guerre noble et la guerre sale mêler l'une dans l'autre jusqu'à ce qu'on ne retrouve plus rien.
L'argument d'apocalypse now, c'était son ambiance envoutante, celui de Platoon c'est son travail sur la psycologie des personnages qui passe par l'évolution des personnages et par le duel tacite entre Tom Berenger et Willem Dafoe, incarnations de deux visions du Viêt-nam qui partage les hommes. Une façon de rendre le conflit plus personnel et humain, de faire oublier la guerre pour filmer une guerre intérieur un peu comme si le viêt-cong n'était qu'un ennemis de plus utilisé pour exprimer la frustration des personnages au cours des combats et canaliser leur folie. Certes on a plus l'ambiance de Apocalypse now qui nous scotché à l'écran mais cette critique virulente est tout aussi puissante et engagée.
Côté casting Charlie Sheen se retrouve plongé à son tour dans la guerre tout comme son père Martin Sheen dans Apocalypse Now. Pas question de les comparer puisqu'en dépis d'une ressemblance frappante les deux personnages non rien à voir. Martin Sheen était fou, Charlie Sheen était innocent, il incarne plus l'adolescent ou le jeune adulte qui découvre la vie en se confrontant à elle et nous fait découvrir le viet nam de façon plus "pédagogique"...Un peu comme un autre monde alors que celui de Martin Sheen apparaissait d'avantage comme le seul monde. Là encore deux visions s'affronte entre celle du desespoir perpetrai par l'illusion d'un monde qui touche à sa fin dans Apocalypse now et celle d'un monde qui cohabit et ou les lois de l'humanité semble avoir disparut dans Platoon, une sorte de parc d'attraction morbide auquel s'essaie le héros. A ses côtés on retrouve des acteurs plus expérimenté comme Willem Dafoe, impressionant, imposant et même un peu effrayant tout comme Tom Berenger dans un rôle totalement différent qui non tout les deux pas volés leur nomination aux oscars.
Enfin si la mise en scène est moin mémorable que Apocalypse now, elle n'en reste pas moin élégante. les batailles sont très bien filmé avec ce mélange de chaos, de violence et d'adrénaline. Certains plans panoramiques lors des prises de vu en hélicoptères sont superbes et apporte une vrai note de poésie tragique à l'ensemble que la musique, sublime, vient tout de suite renforcé.
Platoon et Apocalypse now: deux films, deux visions, deux spectacles aussi différents que puissant. Si je garde une préférence pour l'oeuvre presque onirique de Coppola, celle de Stone n'en est pas moin réussi et profonde. Un témoignage puissant, une charge critique assumé et nuancé par un respect du sujet et des personnages et un chef d'oeuvre comme on aimerait que Oliver Stone nous en refasse.