Wall Street

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Quand on parle de Oliver Stone on a coutume de dire qu'il a perdu de sa fougue, qu'il s'est assagit et et que ses derniers films sont moins percutant que ses premiers, comme si les films qu'il faisait dans les années 80 et 90 dénonçaient des choses nouvelles et d'une façon brillante. Revoir les premiers films de Oliver Stone n'est donc pas une mauvaise idée, ne serait-ce que pour se rendre compte qu'on a une vision faussée d'un réalisateur qui même à l'époque chargé le système de frond et n'a jamais fait preuve de beaucoup de subtilité. Pour dire les choses franchement, depuis 30 ans Oliver Stone enfonce des portes ouvertes. Est-ce pour autant un mauvais cinéaste? Je ne crois pas et le premier Wall Street est l'exemple type de ce qui fait à la fois la qualité et les faiblesses de son cinéma.

Wall Street est un film extrêmement conventionnel et c'est peut être pour ça qu'il est devenu un petit classique depuis le temps. C'est l'histoire vu et revu d'un jeune homme naïf qui découvre que le monde n'est pas rose et doit alors faire un choix entre ses valeurs et le succès. C'est donc un parcours iniatique au même titre que Platoon et on retrouve une fois de plus Charlie Sheen dans le rôle du jeune homme qui doit se faire éduquer. Le problème de Wall Street c'est que ce personnage n'est qu'un pretexte. Bud Fox est un personnage a peine efleuré, sans véritable subtilité, une caricature d'idéaliste en armure blanche auquel Charlie Sheen s'efforce de donner une consistance. A travers Bud c'est donc au spectateur que Oliver Stone s'adresse et il attaque avec virulence un système pourri mais sa critique aussi forte soit-elle est sans finesse. On peut dire très simplement qu'on apprend rien dans Wall Street, peut être aussi parce que Vingt ans plus tard les délis d'initiés qu'il attaque en particulier sont devenus monnaie courante dans le capitalisme. Wall Street a donc vielli parce que le monde de la bourse a changé depuis et ça justifie très certainement l'idée d'avoir réaliser un second film sur le sujet.

Pourtant si il a vielli le film conserve quelques grandes qualités à commencer par un Michael Douglas magistral dans son rôle de Gordon Gekko. On dit toujours beaucoup de bien des qualités de directeur d'acteur de Oliver Stone et Wall Street n'y fait pas exception. Gekko est un personnage marquant dans le cinéma, charismatique mais impitoyable, cupide mais tellement à l'aise que comme Bud Fox on finit par l'apprécier tout en detestant tout ce qui représente.
Aussi, Stone a hérité des connaissances boursières de son géniteur et ça se voit à l'écran. Wall Street n'est pas un film facile à comprendre parce que le réalisateur ne fait pas de la vulgarisation financière et il va falloir se faire très vite au jargon utilisé. C'est plaisant quand on connait un minimum les rouages de la bourse, mais un peu déroutant quand on y connait justement rien ce qui est peut être paradoxale pour un film qui justement prétend vouloir éduquer son spectateur.

De nos jours on retiendra donc Wall Street pour la performance de Michael Douglas, plus que pour son scénario qui fait d'avantage office de prétexte. Stone enfonce une fois de plus des portes ouvertes mais ce qu'il perd en finesse il le gagne en sincérité car quoi qu'on dise des films du cinéaste, il y a une chose qui transparaît toujours et fait qu'on ne peut finalement pas lui en vouloir d'être un opportuniste et cette chose c'est la sincérité du propos.

  Martin Sheen et Charlie Sheen. Collection Christophe L.
Michael Douglas et Charlie Sheen. Collection Christophe L.Michael Douglas et Charlie Sheen. Collection Christophe L.



Publié dans Drames américains

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