Che - 1ère partie : L'Argentin
Genre: Biopic / Guerre
Pays d'origine: USA / France / Espagne
Synopsis:
Projet de plus de 4 heures ayant éprouvé la patience des spectateurs du festival de Cannes, le biopic de Soderbergh consacré à la mythique figure révolutionnaire qu'est Ernesto Che Gevara s'est donc vu coupé en deux. Les deux parties de ce biopic nous arrivent à la suite à quelques semaines d'intérvale et couvriront deux passages important de la vie du Che: La prise de Cuba, et la tentative manquée de la révolution Bolivienne. Biopic vraiment? Oui et non car si on en apprend beaucoup sur le révolutionnaire, on est très éloigné de l'exercice biographique à proprement parlé, ce qui n'est pas plus mal.
Un diner où quelques sympathisant Marxistes semblent être en train de refaire le monde. Rien de très original si ce n'est que eux vont tenter de mettre leur plan à execusion, et trois scènes plus tard nous voilà en compagnie d'un Guevara asthmatique à crapahuté dans la jungle cubaine. Une introduction très abrupt mais à l'image de ce film qui bouscule les conventions. Dur de s'immerger aussi vite que cela dans l'histoire mais le film est long, le sujet dense et on pardonnera à Soderbergh ce manque d'introduction.
Quelque part Le Che 1ère partie m'a fait pensé à ce qu'aurait été le vent se lève si il avait été réussi. Comme dans le film de Ken Loach on parle d'une bande de révolutionnaire et on questionne l'intérêt de la lutte armée, sauf qu'ici tout est plus convaincant. On voit vraiment la guérilla évolué et passé «d'une bande de copain » à une armée organisée et disciplinée. On voit aussi les aspects les plus ordinaires de la vie des guérilleros cubain, les longues marches, les soins des blessés, l'éducation, l'entrainement...
On navigue entre le film d'auteur et le film de guerre et là encore contrairement au film de Ken Loach, quand une bataille éclate, c'est pour de vrai. La mise en scène de Soderbergh dans ces séquences, surtout concentrée sur la fin du film d'ailleurs, est plutôt intense sans jamais joué sur les clichés des films de guerre. On conserve tout du long ce côté intimiste, cette volonté de faire un film sur un homme et non sur une guerre, d'où l'idée d'utiliser certaines batailles comme de simples « images de fond » dénuées de son et destinées à ne présenter qu'un aspect parmis d'autre de la vie de révolutionnaire.
Reste que dans ce premier film on ne saisit pas vraiment le personnage de Che Gevara. On comprend son combat, ses objectifs et la subtilité du montage vient même mettre en évidence les dissidences qu'il peut avoir avec Fidel Castro. On ne rentre jamais pourtant dans l'introspection, dans le film psychologique, mais on cherche à voir le personnage à travers ce qu'il a vécut. ça marche certes, mais on aimerait en apprendre un peu plus par moment. Ce qui est très bien en revanche, c'est le recul politique du réalisateur, qui sympathise avec le personnage et non les idées. Il ne prend pas position sur Cuba ou sur le communisme, pour lui le Che est d'avantage un symbole de la lutte armée et de la révolution (le discours de l'onu est bien intercalé dans l'action). Enfin même si il à de la sympathie pour le personnage il n'est pas dans l'éloge, le Che est un soldat qui use de la violence et la revendique et là il rétablit une vérité occulté par des générations d'adolescent arborant le visage du Che sur leur t-shirt et capable de l'assimiler à Gandhi.
Difficile de parler du film sans évoquer la performance de Benicio Del Toro car Che est le film d'un homme venu faire corps avec son personnage. Sa performance est telle que l'acteur s'efface totalement et qu'on finit grâce à lui par vraiment se passionner pour le film en dépit de cette introduction manquée. Del Toro n'a pas volé sa récompense Cannoise loin de là!
Une première partie convaincante donc, malgré quelques faiblesses telle qu'une introduction ratée et quelques longueurs. Le personnage, même si on regrette un manque d'introspection à son sujet, est bien mis en lumière et n'est ni idéalisé ni diabolisé. On retiendra bien entendu l'excellente performance de Benicio Del Toro en attend une seconde partie qui devrait venir confirmé la bonne impression de ce premier film.