Black snake moan
Date de sortie: 30 Mai 2007
Genre: Drame / Musical
Pays d'origine: USA
Synopsis:
Un matin, Lazarus découvre aux abords de sa ferme le corps à demi nu d'une fille couverte d'ecchymoses et laissée pour morte au milieu de la route. C'est Rae, que chacun connaît dans cette petite ville, et dont la plupart des hommes du coin ont profité. "Une traînée", dit d'elle sa mère, qui n'eut pas le courage de la protéger d'un père incestueux et assista indifférente à sa précoce descente aux enfers...
Attention les yeux, Black snake moan c'est LE film indépendant qu'il faut voir cette année. Distribué dans très peu de salles, ce film de Craug Bewer est malheureusement passé plus ou moin inaperçu mais heureusement le DVD vous donne une seconde chance de vous procurez ce petit bijou.
Au confin des genres, Black snake moan marque autant par son histoire intelligente que par sa liberté de ton. En effet Black snake moan c'est avant tout le récit de la quête de rédemption de deux personnages tout aussi pommés l'un que l'autre, tout aussi barges et atteints psycologiquement. L'une souffre d'une forme de nymphomanie qui la conduit à devenir la trainée du village, l'autre vient d'être quitté par sa femme et, frustré, cherche sa revanche dans la musique.
Tout deux se soignent l'un l'autre, comme on peut s'y attendre, mais par le biai de méthodes aussi radicales, qu'improbables. Lazarus soigne sa jeune protégée à coup d'évangile et en l'attachant tel un chien avec une chaine (un objet très symbolique dans le film) tendis que Rae reveille en lui un instinct paternel qu'il révait de voir un jour se developper. Le traitement n'est jamais nié, on a beau parlé d'un héros très pieux, ces méthodes bien qu'efficacent font froid dans le dos et montrent que ce n'est pas un ange non plus. Il y a même des touches d'humour noir qui viennent intelligement saupoudrer l'histoire qui ne perd jamais en intensité et nuance son propos notamment dans un final pas totalement "happy" mais profondemment juste...
Je parlais de la liberté de ton, je devrais plus honnetêment parler de liberté de "genre" puisqu'ici il n'y a ni contrainte ni tabou. Le réalisateur semble pouvoir faire ce qu'il veut et mélange allégrement passages très sombres, passages comiques, passages musicaux et passages érotiques. C'est à la fois touchant, drôle, entrainant et sulfureux et ça: aucune grosse production ne peut l'offrir. Le film a indubitablement une identité, on sent la patte de son créateur derrière et on sent qu'il y met du sien et ça fait toujours plaisir à voir à l'écran.
Le coup de coeur n'est pas que scénaristique, il vient aussi en grande partie d'un casting parfait. Côté masculin Samuel L.Jackson est meilleur que jamais, le sextuagénaire semble fatigué et embrasse pour la première fois un rôle terre à terre et ça lui va comme un gant. Justin Timberlake confirme après Alpha dog qu'il est la révélation masculine de l'année. Qui aurait pu croire qu'un chanteur de r'n'b se convertirai au cinéma en séléctionnant avant tout des films d'auteur et qui aurait pu penser qu'il jouerai aussi bien car ici comme dans Alpha dog, il est juste et humble.
Pourtant la star ici c'est Christina Ricci. Son rôle est complexe mais la jeune femme est tout simplement parfaite. Elle est à l'image du film, tantôt touchante, tantôt drôle, tantôt sulfureuse. Elle ose, et fait preuve de caractère en se glissant dans la peau d'un personnage érotique, torturé et abimé mais son personnage ne vire jamais à la caricature au contraire. De plus elle lui donne un côté innocent à côté duquel beaucoup d'actrices seraient passées. C'est clairement pour moi la meilleure actrice de l'année et de loin!
Enfin on peut glisser quelques mots sur une réalisation de très bonne facture à l'image qui rend honneur au Sud cultivant volontairement un air un peu rétro. La scène de l'apparition du titre faisant par exemple penser à un film des années 60/70 ce qui donne une vraie résonnance à l'identité musical du film: le blues.
En effet le blues est à l'honneur ici et les amateurs s'en raviront les oreilles tendis que les autres apprendront peu être à l'apprécier. Cela reste pour ma part l'une des meilleurs bandes originales de film de l'année.
Black snake moan est un bijoux que nous offre le cinéma indépendant. Une oeuvre riche et libre. Sans contraintes et sans tabous qui explore ainsi les genres à sa guise et offre un mélange aussi étonnant qu'entrainant. En prime Christina Ricci dévoile un jeu sans faille et reste pour moi la meilleure interprète féminine de l'année. Black snake moan est donc mon coup de coeur 2007!
