L'imaginarium du docteur Parnassus

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Films des Monthy Pythons mis à part, le premier film de Terry Gilliam qu'il m'ait été donné de voir fut "L'armée des 12 singes" et bien que j'ai apprécié le film je l'avais trouvé un peu chaotique. C'est une impression qui revient assez fréquemment lorsqu'on pénètre pour la première fois dans l'univers de ce cinéaste déjanté et ceux qui découvriront Gilliam avec ce film là la ressentiront également. Je n'étais donc pas fan de ce cinéaste mais une projection privée en présence d'un réalisateur aussi talentueux (qu'on aime ou pas son style il faut en effet lui reconnaître son talent) ça ne se refuse évidemment pas!

Je m'en suis vite rendu compte, L'armée des 12 singes n'était pas une exception dans la filmographie de Gilliam, le cinéaste semble en effet avoir pris l'habitude de donner vie à des univers bizarres et loufoques qui prennent racines dans notre monde mais qui ensuite s'étendent vers des horizons nouveaux. Gilliam carbure à l'imagination et cette "imaginarium" peut donc être à la fois vu comme une mise en abîme de son processus créatif ou tout simplement comme l'oeuvre d'un auteur fasciné par la richesse de l'esprit humain. Quoi qu'il en soit l'imaginarium est un film vraiment personnel mais qui s'adresse pourtant à un public large parce qu'il à en lui cette capacité à faire rêver et à faire voyager le spectateur comme peut de films en sont vraiment capables.

On connait aussi Gilliam pour ses scénarios tortueux et L'imaginarium est, en effet, loins d'être un film linéaire. Si ce manque de direction m'avait un peu agacé en regardant l'armée des 12 singes j'ai réalisé en voyant ce second film qu'il y'avait belle et bien une structure narrative identifiable derrière cette OVNI et que le film était donc on ne peut plus cohérent. En effet alors que la plupart des films nous habitue à suivre l'histoire d'un personnage d'un point A à un point B, le scénario du film de Gilliam donne d'avantage l'impression de fonctionner de manière circulaire. C'est à dire que les personnages principaux (le docteur et Tony) se retrouve à la fin de l'histoire dans une position quasi similaire à celle qui était la leur au début de l'histoire. Les héros ont pour habitude d'apprendre de leurs erreurs au cinéma, mais ce n'est pas le cas chez ce cinéaste qui qui à fait du vice humain l'un des thèmes clés de son cinéma. Gilliam montre que la tentation du mal reste toujours présente chez l'homme, quoi qu'il advienne. Quelque part les personnages de Gilliam sont extrêmement profonds parce qu'ils évoluent tout en stagnant et deviennent ainsi autant des personnages à la psychologie complexe que des figures symboliques auxquels on peut s'identifier rapidement.

Du point de vue de la mise en scène, L'Imaginarium est d'une richesse qui ne plaira pourtant pas à tout le monde. Comme je le disais le style de Gilliam mélange décors réalistes et éléments bizarres et loufoques. Le mélange ne passe pas toujours facilement, il est vrai. Quoiqu'il en soit il colle particulièrement bien au cadre choisit pour le film: Londres, une ville débordante d'énergie mais aussi une ville aux facettes multiples. Il vous suffit de prendre le métro et quelques stations plus loins vous avez le sentiment d'avoir attéris dans un monde totalement différent...Un peu comme avec le miroir de Parnassus!
Ensuite malgré l'utilisation nécessaire des effets numériques on appréciera le fait que Terry Gilliam fasse aussi usage d'effets plus artisanaux donnant ainsi aux fantasmes des personnages un côté un peu naïf (exactement comme dans la science des rêves de Gondry).

L'imaginarium du docteur Parnassus sera aussi tristement célèbre pour être la dernière apparition à l'écran du regrêté Heath Ledger mais l'acteur a tiré sa révérence sur une dernière prestation magistrale. Le personnage est très original et très compliqué mais on sent que l'acteur était vraiment parvenu à saisir toute son ambiguïté pour le rendre ainsi si attachant et détestable à la fois. Les autres acteurs qui lui prêtent leurs traits (Johnny Depp, Judd Law, Colin Farrell) sont aussi plutôt convaincants.
Côté acteurs secondaires on retiendra plus précisement les performances de Verne Troyer, qu'on apprécie de voir dans un rôle sérieux et de Tom Waits dans le rôle du diable. Et là on est obligé de se ranger à la vie du cinéaste lorsqu'il demandait qui mieux que Tom Waits pouvait incarner un tel personnage? L'Imaginarium révèle aussi la jeune et ravissante Lily Cole, qui se montre elle aussi très convaincante pour son premier grand rôle au cinéma. On ne devrait pas tarder à la revoir à l'écran.

L'imaginarium est un film qui devrait ravir les amateurs du cinéma de Gilliam qui y retrouveront sa loufoquerie et son originalité habituelle. Les autres auront peut être un peu plus de mal à s'immerger dans un univers si riche et si particulier, mais le film, quoique très personnel, repose sur des thèmes et des personnages universels et a donc de quoi convaincre un assez large public pour peu qu'on soit sensible à la magie du rêve et de l'imagination.

Metropolitan FilmExport  Christopher Plummer et Lily Cole. Metropolitan FilmExport
Lily Cole. Metropolitan FilmExport



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