Batman Forever

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Nous faisons maintenant un bon de 3ans dans le futur et nous retrouvons en 1995 pour le premier passage de flambeau de la saga Batman. Tim Burton est mis sur la touche par la Warner suite aux mauvaises ventes de produits dérivés de Batman Returns et le studio recrute à la place Schumacher, chargé d'édulcorer la licence pour la rendre plus attractive chez les jeunes.
Si avec Batman Forever et sa suite Batman & Robins beaucoup de fans furent choqué de voir leur Dark Knight préféré ainsi perverti on ne peut quoiqu'il en soit pas qualifier Schumacher de réalisateur conventionnel. Un peu comme Burton il a voulu présenté sa vision du personnage, mais malheureusement le résultat est plus que mitigé dans ce premier film.

Le cinéaste n'a de cesse de le répéter dans les interviews et making-of: le Batman qu'il a voulu faire est un hommage à la série éponyme et aux débuts du comics qui était donc très kitch. Le problème c'est qu'il passe après Burton et qu'on ne peut fonder deux fois un même mythe en moins de cinq ans sans s'attendre à ce que le public se brusque. Nous aimions tous Batman et Batman Returns et nous n'étions simplement pas prêt pour cette version « cartoonesque ».
Avec le recul on prend conscience des qualités d'un film aussi loufoque. Univers ultra-coloré qui rappelle un New York punk période 80s en plus loufoque. Costumes moulants ridicules, méchants complètement allumé à la psychologie très réduite (si vous jouez à Lego Batman vous remarquerez les similitudes)...Batman Forever est ce que j'appellerai un nanar volontaire. Tous des costumes au décors en passant par les dialogues au raz des pâquerettes sonne faux si bien qu'on a en effet parfois l'impression d'être devant la série des années soixante.

« Parfois » seulement parce que si Batman Forever est kitch, il est aussi très sérieux, et c'est tout là le problème. Schumacher n'a pas complètement rompu avec l'univers gothique et le ton sombre imposé par Burton (ici producteur) dans les deux premiers épisodes. Du coup les scènes « nanardesques » sont mélanger avec d'autres bien plus tragiques tel que les souvenirs douloureux de Bruce Wayne, la mort des parents de Dick Grayson, etc...
Nul besoin de signaler que l'émotion peine à se dégager de ses scènes qui sonnent faux dans l'ensemble.
Même chose pour les décors très colorés qui laissent place par moment à d'autres plus sombres et plus gothiques, du coup l'ensemble manque cruellement d'homogénéité et perturbe beaucoup le spectateur.
On me répondra que le film est à l'image de son méchant: double. Certes, mais la dualité n'induit pas nécessairement un contraste aussi radical, j'ai surtout eu l'impression que Schumacher n'assumait pas complètement sa vision et ne voulait pas trop brusquer le spectateur.

Kitch ou pas, il faut aussi avoué que rien ne justifie la mollesse de ce troisième épisode. Batman Forever multiplie les histoires: le combat contre les deux méchants, la gestion de la vie sentimentale de Bruce, les relations avec Dick Grayson mais aussi les cauchemars de Bruce ou encore la quête d'identité de Dick. C'est trop pour un film de deux heures, du coup chacun de ces sujets est traité de manière très superficiel donnant un ensemble relativement peu passionnant pour le spectateur.

On ne retiendra pas non plus la performance des acteurs. Si Val Kilmer sans sort sans accroc ce n'est pas le cas de tout le monde. Tommy Lee Jones cabotine mais on pourrait dire que c'est la vision du cinéaste qui veut ça, en revanche Jim Carrey en fait des tonnes et des tonnes. On croirait voir The Mask dans Batman et c'est tout simplement insupportable. Nicole Kidman pourrait difficilement trouvé un rôle plus lisse, on ne retiendra ainsi que le côté libidineux de son personnage mais la palme revient à Chris O'Donnell, bien plus insupportable que ne le justifie son rôle.

Batman Forever est un film en crise d'identité. Partager entre la volonté de faire un film kitch dans l'esprit de la série des années 60 et celle de faire un film qui ne trahit pas ceux de Burton, Schumacher finit par se planter en beauté. Trop sérieux pour être considérer comme un nanar, mais trop kitch pour être pris au premier degré Batman Forever est à la fois amusant et chiant. On ne peut quoiqu'il en soit pas pardonner l'histoire qui s'éparpille beaucoup trop et le jeu d'acteur médiocre.

Batman Forever   Jim Carrey, Tommy Lee Jones, Joel Schumacher dans Batman Forever (Photo Christophe L) Joel Schumacher dans Batman Forever (Photo Christophe L)



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J
Batman c'est mon enfance. Dessin annimé ou film on ne s'en lasse pas.
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